Pentes, expositions et vignes : la troisième dimension du terroir
La topographie, souvent négligée dans l’image “plate” du Bordelais, se révèle grâce à la cartographie détaillée. À Fronsac, des pentes abruptes valorisent l’insolation. À Sauternes, de modestes ondulations favorisent l’accumulation de brumes matinales capitales pour la botrytisation, processus-clé du célèbre liquoreux.
Grâce aux modèles numériques de terrain (MNT), la cartographie identifie :
- Les secteurs à risque d’accumulation d’eau ou de gel
- Les situations privilégiées pour la concentration aromatique des raisins
- Les gradients de maturité selon l’altitude – de 2 à 90 mètres dans les Graves : un différentiel thermique qui, selon les données de Météo-France, peut atteindre 1,5°C sur une même appellation
La lecture cartographique restitue la nature en relief, révélant des opportunités insoupçonnées pour des sélections parcellaires pointues.
Cartographier les microclimats : les subtilités de la rive droite et gauche
Le Bordelais est le théâtre d’échanges thermo-hydriques complexes modulés par :
- L’influence océanique (température modérée, humidité marquée)
- La présence d’estuaires agissant comme régulateurs thermiques
- L’orientation des parcelles – nord/sud, ouest/est – essentielle pour éviter les coups de chaleur ou favoriser la maturation lente
Les études SIG récentes ont permis de cartographier, à une échelle inédite, la fréquence des brumes, les épisodes de gel, et la variabilité intra-parcellaire de la pluviométrie (plus de 1800 mm au sud de Sauternes en 2020, contre moins de 850 mm près de Bourg, Source : France 3 Régions).
Cette granularité guide le choix cépagique et oriente les pratiques viticoles, permettant une adaptation fine aux changements climatiques en cours.